Calavi, centre de loisirs, été 2014. D’un côté, les enfants de la paroisse, bénéficiant de cours de vacances le matin, d’activités d’animation l’après-midi, jouant comme des enfants de leur âge. De l’autre, un enfant de 7 ans, « employé » sur un chantier dans la cour même de la paroisse, confronté toute la journée à la dure réalité du travail. Deux réalités qui se côtoient au quotidien.
Cet enfant, personne ne l’appelle par son prénom. Il répond au nom de « maçon ». Son regard trahit beaucoup de colère, en particulier envers les adultes. Une immense tristesse et solitude aussi. « Que viens-je faire dans ce monde d’adultes, à vivre comme un adulte, hors de ma famille ? » Probablement s’est-il retrouvé là, confié par un membre de sa famille à une connaissance, qui elle-même l’a confié à une autre, puis à cette équipe de maçons, à défaut de se retrouver dans la rue.
Au bout de trois semaines, Simon est venu assister à notre spectacle de fin de séjour. Une telle ambiance de joie et de fête régnait ! Musique, danses, sketches, déguisements, chants… Les yeux grands ouverts, attentif, impressionné par la foule, ce spectacle fut certainement pour lui une parenthèse. Il finit même par esquisser un sourire et danser timidement. Le temps de quelques heures, je l’ai vu progressivement se laisser aller à être l’enfant qu’il est.
C’est pour Simon, et tous les enfants qui vivent des situations similaires, que depuis 6 ans, le Centre Damien occupe toute mon énergie. Je puise dans leur regard la persévérance nécessaire pour contribuer à ce que le Centre Damien devienne un « Molokaï » ; c’est-à-dire un espace où les enfants pourront se construire, faire l’expérience de l’insouciance, explorer leur créativité, développer leur curiosité… Ou, tout simplement, se sentir unique et précieux dans le regard de ceux qui les entourent.
Aujourd’hui, pour que ce lieu existe, nous avons besoin de construire les bâtiments. Nous comptons sur vous ! Merci.
Domitille Blavot, présidente de l’association